Tout ce qu’il faut savoir à propos d’un toit végétalisé
La toiture végétalisée ou scientifiquement nommée PCVH (Paroi Complexe Végétalisée Horizontale) est un substrat avec un revêtement végétal sélectionné pour former un écosystème autonome et stable et destiné à isoler et protéger un bâtiment des intempéries (froid, chaleur, pluie, vent…) à la place d’une toiture traditionnelle de type tuiles, ardoises …etc.
Ce concept de toit vert utilisé depuis des millénaires dans les zones paléarctiques, est toujours utilisé traditionnellement dans les régions froides car c’est une technique très efficace d’isolation thermique et phonique tout en s’intégrant parfaitement dans un environnement naturel. Alliant esthétique et confort, ce concept amène une plus-value importante à votre maison et se développe de plus en plus dans les zones urbaines au regard de ces qualités environnementales indéniables.
La toiture végétalisée est un excellent isolant thermique aussi bien en hiver pour conserver la chaleur qu’en été pour garder la fraîcheur, tout en réalisant des économies d’énergies significatives. Ces végétalisations sont qualifiées de constructions à Haute Qualité Environnementale (HQE) – décret 2011-830 du Code de l’Urbanisme. Les végétaux permettent de purifier l’air (diminuent le taux de CO2, fixent les poussières, particules fines et gaz polluants) très appréciable en ville, régulent les eaux de pluie tout en permettant à la biodiversité de se développer par un couvert végétal diversifié qui attire ainsi une faune et une flore diversifiées.
A ce titre, les toits végétalisés peuvent prétendre à une Prime Energie qui peut être cumulée à l’Eco-prêt à taux zéro pouvant aller jusqu’à 30 000 euros remboursables sur 10 à 15 ans. L’isolation d’une toiture terrasse fait partie des travaux éligibles. Le crédit d’impôt à la transition écologique (CITE) à hauteur de 150 euros le m² pour une isolation extérieure. Cette prime vient en déduction de votre impôt sur le revenu. 30 % des dépenses TTC sont déduites du prix total de la pose et de la fourniture. La TVA à taux réduit à 5,5 % pour des travaux effectués par un particulier ou 10 % lorsque les travaux sont réalisés par des professionnels. Le programme « Habiter Mieux » auprès de l’Anah vous permet aussi de revoir l’isolation thermique de votre toiture. Vous pouvez aussi prétendre à certaines aides locales, pensez à demander à votre commune et votre département.
Il existe trois types de toiture végétalisée en fonction de l’utilisation que vous comptez en faire :
TOIT VEGETAL EXTENSIF :
Constitué d’une couche légère de substrat de 4 à 15cm avec une végétalisation composée de mousses et de plantes grasses ne demandant que peu d’entretien. Toutefois un arrachage des plantes indésirables comme des petits arbustes et herbes folles sera nécessaire et ce jusqu’à l’enracinement de vos plantations. Sans arrosage additionnel, sauf peut-être en cas de sécheresse intense.
Le poids va se situer entre 75 et 180 kg le m2 avec une inclinaison de 5° à 35°. Au delà de 20 % d’inclinaison, prévoir en plus des crochets d’arrimage et des éléments de stabilisation du substrat. Ce type de végétalisation n’est pas destiné aux piétons, et doit être limité à l’entretien, le complexe de végétalisation va se développer en un écosystème autonome.
Ce type de revêtement peut se poser sur n’importe quel support, bois, béton, acier dimensionné à l’élément porteur du bâtiment pour recevoir le poids indiqué. C’est le système qui présente l’avantage d’un coût d’installation limité, entre 25 et 70 euros le m² et presque sans entretien.
TOIT VEGETAL SEMI INTENSIF :
Une couche de substrat de 12 à 30 cm permet d’implanter du gazon, des plantes vivaces et graminées ainsi que des petits arbustes. Demande un arrosage limité, et un entretien un peu plus régulier. Le poids de l’ensemble de la couverture végétale atteint 200 à 500 kg le m².
Veillez à dimensionner la structure en conséquence. L’inclinaison est nécessaire pour l’évacuation de l’eau entre 3 et 15 %. Un peu plus onéreux que la formule précédente, soit environ 50 à 80 euros le m² mais permet une accessibilité adaptée aux loisirs, idéal pour un toit terrasse.
TOIT VEGETAL INTENSIF :
Ce système implique de poser davantage de substrat, environ de 30 à 60 cm, ce qui permet de planter des arbustes ou de petits arbres car les racines peuvent s’enfoncer.
L’installation est plus complexe, le structure porteuse doit être bien étudiée et bien adaptée. Prévoir de 500 à 2 000 kg/m² , avec une pente maximale de 5 %. L’entretien régulier requiert les conseils d’un professionnel. Ce concept est le plus onéreux, à savoir 110 à 320 euros le m², mais vous permettra de bénéficier d’un jardin potager même en ville.
Pour tout les systèmes, il faudra prévoir 8 couches formant le COMPLEXE DE VEGETALISATION, se décomposant ainsi :
1) STRUCTURE PORTANTE :
Le support ou toit (bois, acier et revêtement adapté à la charge qu’il devra supporter) sur lequel reposeront les couches successives.
2) PARE VAPEUR :
Membrane qui protège de la condensation et évite que l’humidité n’entrent dans la structure de la toiture.
3) L’ISOLANT THERMIQUE :
Garantit l’isolation. La plupart du temps du polystyrène extrudé. Il en existe de différentes épaisseurs.
4) COUCHE D’ETANCHEITE :
Résistante à la pénétration des racines : Membrane EPDM de haute qualité qui constitue une barrière absolue entre le toit et les végétaux. Norme NF P 84-204 pour garantir l’étanchéité optimale du toit.
5) COUCHE DE DRAINAGE :
Supprime les excédents d’eau et évite ainsi que les racines des végétaux ne pourrissent et dirige l’eau vers les drains. Ce matériau peut comporter des cailloux, des billes d’argile ou des graviers pour les drains minéraux ou un drain inerte polyéthylène/polystyrène. Le choix de la couche de drainage est établi en fonction du degré d’inclinaison du toit, mais aussi en fonction du climat.
6) COUCHE FILTRANTE :
Retient le substrat et les végétaux et évite le colmatage de la couche inférieure de drainage. Une nappe de synthétique en polyester ou de laine de verre est ajoutée. Cette couche, type « géotextile » laisse pénétrer l’eau et retient les particules fines du substrat.
7) SUBSTRAT :
Couche de terre, composée de plusieurs éléments qui permettra aux végétaux de se développer. Les composants de cette couche sont déterminés en fonction de plusieurs éléments (inclinaison du toit, ensoleillement, climat, type de plantes et pH plus ou moins acide). Pensez à sélectionner un substrat faisant l’objet d’une mesure à CME (Capacité Maximale en Eau) pour permettre les bons calculs de structure nécessaire pour vos bâtiments.
8) VEGETAL :
Différentes espèces de végétaux sélectionnés en fonction de l’utilisation que vous désirez faire de votre toit végétalisé.
Pour le pourtour :
Prévoir un cadre comprenant :
Un système de séparation entre le complexe végétalisé et le pourtour, plus une bande de pourtour et un système d’évacuation des eaux pluviales. Quel que soit le système choisi, un drainage est indispensable pour évacuer les excès d’eau de pluie vers les dispositifs d’évacuation. Le filtre évite le colmatage entre le substrat et la couche drainante.
En conclusion, avant de commencer un toit végétal, des calculs très précis doivent être effectués et un plan doit être conçu pour veiller à ce que la structure résiste aux divers risques et conditions climatiques. Nous vous conseillons vivement de vous adresser à un spécialiste de la couverture pour vous conseiller personnellement.
Rappelons qu’un permis de construire est obligatoire lorsque vous avez un projet venant modifier l’aspect extérieur de votre habitation et que celui-ci dépasse 40 m² de création de surface de plancher ou d’emprise au sol (agrandissement ou surélévation pour une maison individuelle). Il faudra donc tenir compte également du PLU (Plan Local d’Urbanisme) de votre commune.
La démocratisation de la construction de toitures végétalisées en France a pris son essor en 2015, avec l’objectif de compenser l’artificialisation des sols, de lutter contres les effets des inondations, les îlots de chaleur urbains et contribuer à limiter les émissions de gaz à effet de serre. De plus, les performances énergétiques en termes de régulation thermique mais aussi sonores, le filtrage et traitement naturel des polluants contenus dans l’air et dans l’eau, par les végétaux en font une priorité environnementale sensible auprès des élus du territoire et permettent à chacun de contribuer efficacement à la protection de son environnement.